Les programmes télévisuels participent à la culture de masse et peuvent aussi coopérer à la propagation de la culture. En fait, la culture peut aussi compter sur les médias, et sur la répétition des images, des symboles et des concepts qui ne sont plus réservés à une cible sociale. Où les références utilisées seront reconnues de l'ensemble des individus dans la mesure où elles font appel à des représentations culturelles admises et comprises par l'ensemble, sollicitant ainsi la collaboration, voire l'interaction du public. L'une des formes les plus recherchées de cette interaction est l'identification des individus avec l'un des personnages, souvent le personnage principal : un présentateur, un invité ou alors un héros. En ayant comme référant leur classe sociale, leur âge, leur sexe, leurs origines, leur patrimoine culturel, les messages délivrés par ce média peuvent avoir différentes interprétations de la part du public. De ce fait, la culture est participative, mais aussi interactive[1]. Les séries TV peuvent être l'exemple de cet échafaudage. Elles sont largement diffusées grâce à la technologie moderne et peuvent instaurer la passivité du public. Cependant, elles peuvent également servir à l'identification du public avec les personnages tant que ceux-ci ont en commun les mêmes références culturelles ou le même mode de socialisation que les réalisateurs des séries mettent en scène. Elles sont même capables de modifier le mode de pensée du public si les références et les agissements des personnages émanent des règles instaurées par les principes de l'ethnocentrisme induisant à situer les valeurs des autres en les comparant aux siennes que l'on envisage comme d'éventuels modèles sociaux à reproduire réellement. Parmi ces modèles, on retrouve le modèle du genre masculin. À l'instar des séries égyptiennes ou mexicaines qui ont fait fureur dans les années 80 aux années 90 grâce à leurs héros, dans les années 2000, on entend parler de Mohannad, le héros de la série turque « Noor » qui a représenté pendant plusieurs années l'un des modèles masculins turcs devenus hégémoniques pour l'ensemble des pays arabes qui ont diffusé sur leurs antennes la série TV. D'après plusieurs articles, ce personnage a été la cause de la rupture de plusieurs couples dans le monde arabe, reflétant ainsi un nouvel engouement pour ce masculin dont les critères sont inspirés de l'imaginaire turc. Dans cette intervention, il est question de répondre à la problématique suivante : quels sont les critères des personnages turcs qui ont tendance à marquer l'esprit des Marocain(es) ? Quels sont les stéréotypes masculins qu'une série à succès peut-elle intégrer dans la société marocaine ? Et dans quelles mesures peuvent-ils influencer « ou non » les normes sociales liées au genre masculin marocain ? Dans une perspective genre, et en prenant l'exemple de la série HOB ABIAD ASSWAD, une série turque diffusée en 2020 sur la chaine nationale marocaine 2M, nous allons analyser à la fois des critères du personnage principal « Ferhat », qui font de ce dernier l'homme de rêve de beaucoup de femmes dont notre échantillon social composé d'internautes membre du groupe Facebook Hya houa, et la réception de ce modèle social par ces téléspectateurs (trices) en analysant le contenu des publications concernant ce personnage et les commentaires qui y figurent. Cette étude de terrain a pour but de nous renseigner sur les formes d'impact des modèles masculins turcs sur l'imaginaire marocain en rapport avec le genre masculin.