Par auteur > Conord Sylvaine

La photographie sociologique comme moyen d'expression dans le cadre des pratiques d'investigation d'un terrain de recherche
Sylvaine Conord  1, 2, *@  
1 : Laboratoire Architecture, Ville, Urbanisme, Environnement  (LAVUE)
Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis : UMR7218, École nationale supérieure d'architecture de Paris-La Villette : UMR7218, Université Paris Nanterre : UMR7218, École nationale supérieure d'architecture de Paris Val-de-Seine : UMR7218, Centre National de la Recherche Scientifique : UMR7218, Ministère de la culture : UMR7218, Université Paris 8 Vincennes-Saint-Denis, École nationale supérieure d'architecture de Paris-La Villette, Université Paris Nanterre, École nationale supérieure d'architecture de Paris Val-de-Seine, Centre National de la Recherche Scientifique, Ministère de la culture
Université Paris Nanterre - UMR CNRS 7218 LAVUE - Bâtiment Max Weber - SHS - 4e étage - 200 avenue de la République - 92001 Nanterre -  France
2 : Centre Pierre Naville  (CPN)
Université Paris-Saclay, Université d'Évry-Val-d'Essonne : EA2543, Université d'Évry-Val-d'Essonne
UFR de Sciences de l\'Homme et de la Société 2 rue du Facteur Cheval 91000 EVRY -  France
* : Auteur correspondant

Tous les aspects de la méthode qui permet d'intégrer la pratique de la prise de vues photographiques au processus d'investigation sont à prendre en considération, qu'ils soient d'ordre technique, culturel et éthique. Dans le cadre de deux de mes travaux considérés ici, les mots, la parole des interviewés, ont été nécessaires pour rendre lisible un contexte, un témoignage et le hors-cadre des images prises sur mes terrains de recherche. Polysémique, la photographie est sujette à de nombreuses interprétations selon chaque individu. Les images ont leur propre signification, les mots enrichissent les photographies réalisées, et le sens vient de ces deux subjectivités complémentaires.

« Prendre des photos, pour le sociologue, ce n'est pas seulement une opération de « prise de vues », cela consiste en même temps à fabriquer des images, à produire des représentations du monde qui sont notre moyen privilégié de nous « figurer », c'est-à-dire de le comprendre», note Daniel Vander Gucht (Vander Gucht, 2017 : 21). On voit comment de la production à la réception de la photographie, la simple fonction d'illustration par l'image d'un texte est largement dépassée. Le terme « illustration » vient du latin illustratio, « action d'éclairer, de rendre brillant ».

Le sens « d'illustrer un texte » s'explique par l'influence de l'anglais illustration[1]. Il paraît difficile de nier que l'image photographique peut éclairer un texte, le rendre plus compréhensible, faire reconnaître un visage, une ambiance, un lieu, etc. Mais un sociologue peut être plus audacieux dans l'usage scientifique de l'image. La photographie, jusqu'à une période récente, était systématiquement présentée en sociologie comme un document d'évidence, sans qu'aucune réflexion ne soit faite sur sa contextualisation et sur la méthode relative à la prise de vues sur un terrain de recherche (Beaugé, Pelen, 1995). Les réflexions sur la manière d'introduire un appareil technique sur le terrain d'enquête et la complexité des relations entre sociologues-photographes et sujets photographiés font partie d'un questionnement contemporain introduit en France par trois photographes et anthropologues (Achutti, 2004 ; Antoniadis, 2000 ; Conord, 2000, 2007). 

Tous les aspects de la méthode qui permet d'intégrer la pratique de la prise de vues photographiques au processus d'investigation sont à prendre en considération, qu'ils soient d'ordre technique, culturel et éthique. Dans le cadre de mes travaux, les mots, la parole des interviewés, ont été nécessaires pour rendre lisible un contexte, un témoignage et le hors-cadre des images prises sur mes terrains de recherche. Polysémique, la photographie est sujette à de nombreuses interprétations selon chaque individu. Les images ont leur propre signification, les mots enrichissent les photographies réalisées, et le sens vient de ces deux subjectivités complémentaires. Je prendrai comme exemples deux de mes terrains : une approche sociologique des cafés de Belleville (avec la sociologue Anne Steiner) et une recherche participative plus récente (REV, PUCA, dirigée par les sociologues Claire Lévy-Vroelant et Yankel Fijalkow) sur des quartiers populaires de quatre capitales européennes (Paris, Bruxelles, Vienne, Lisbonne).

Pour en savoir plus, mon site personnel : https://www.sylvaine-conord.com Photographies jointes

Éléments bibliographiques

Achutti Luiz Eduardo Robinson, 2004, L'homme sur la photo : manuel de photoethnographie, Paris, Téraèdre.
Antoniadis Leonardo, 2000, "Chronique visuelle d'une migration tsigane, Une expérience de la photographie : outil de recherche, et/ou lieu de rencontre et d'interrogation", Paris, Questions d'optiques.
Aperçus sur les relations entre la photographie et les sciences sociales, Association Française des Anthropologues - Maison des Sciences de l'Homme, Journal des anthropologues, 80-81 : 117-142.
Beaugé Gilbert, Jean-Noël Pelen (dir.), 1995, Photographie, ethnographie, histoire, Grenoble, Le monde alpin et rhodanien, Centre alpin et rhodanien, Musée Dauphinois, 2-4.
Conord Sylvaine, 2000, « ‘"On va t'apprendre à faire des affaires...", Échanges et négoces entre une anthropologue-photographe et des Juives tunisiennes de Belleville », Questions d'optiques. Aperçus sur les relations entre la photographie et les sciences sociales, Paris, Association Française des Anthropologues - Maison des Sciences de l'Homme, Journal des anthropologues, 80-81 : 91-116.
Conord Sylvaine, 2007, « Usages et fonctions de la photographie », Arrêt sur images. Photographie et anthropologie, Ethnologie française, PUF, Tome XXXVII, 1 : 11-22.
Vander Gucht Daniel, 2017, Ce que regarder veut dire. Pour une sociologie visuelle, Bruxelles, Les impressions nouvelles. [1] Cette définition est extraite du dictionnaire de l'Académie française, 9ème édition.


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