Par auteur > Cadot Christine

Rephotographie et fabriques officielles et ordinaires des figurations de l'Europe à Paris
Christine Cadot  1, *  
1 : Laboratoire Théories du politique : pouvoir et relations sociales  (Cresppa-LabToP)
Centre de recherches sociologiques et politiques de Paris
Cresppa-LABTOP59, rue Pouchet75 849 Paris cedex 17 -  France
* : Auteur correspondant

Cette communication présente ce que la rephotographie, utilisée pour constituer un corpus visuel sur la Place de l'Europe-Simone-Veil, permet de révéler des mobilisations « par les bas », des mobilisations éphémères, et de la multiplicité des registres mémoriels figurés sur ses plaques de rue, dans un espace public faiblement investi par les figurations officielles du politique.

Cette présentation est issue d'une recherche menée dans le cadre d'une HDR consacrée aux figurations de l'Europe à Paris, notamment entre 2017 et 2019, lors des débats et cérémonies liées à la panthéonisation de Simone Veil[1]. Je souhaite présenter lors de ce congrès ce que la pratique de la rephotographie, utilisée pour constituer un corpus visuel sur la Place de l'Europe-Simone-Veil, a permis de révéler des mobilisations « par les bas » et de la multiplicité des registres mémoriels figurés sur ses plaques de rue. Contrairement aux projets figuratifs particulièrement visibles et publicisés dans d'autres métropoles européennes (quartier Antigone à Montpellier, quartier de l'Europe à Luxembourg ou encore à Bruxelles...), la Place de l'Europe de Paris est un espace public dont l'aménagement urbain ne fait l'objet que d'un très faible investissement financier, discursif ou figuratif. En dehors de la convergence de rues portant le nom de capitales d'États européens, l'Europe y est, de ce point de vue, a priori invisible en sa figuration propre : aucune statuaire publique ou installation jusqu'en 2019, aucune référence autre qu'une plaque de rue sur laquelle figure désormais le nom de Simone Veil. À peine une sortie de station de métro peu fréquentée. Malgré son omniprésence dans la peinture impressionniste, la Place de l'Europe-Simone-Veil est aujourd'hui un rond-point parmi d'autres. L'enquête a donc commencé par un constat : il me fallait déconstruire au préalable les attentes que j'avais légitimement fondé dans le choix de ce terrain. En travaillant sur l'histoire de la construction de la Place de l'Europe à Paris, je me suis donc retrouvée confrontée à une absence : il peut y avoir une Place de l'Europe sans la moindre trace apparente d'Europe. La rephotographie entreprise dans une démarche diachronique est donc une méthode qui permet l'excavation ethnographique de ce qui n'est visible ni dans les narrations officielles, ni dans la matérialité figurative de l'espace public ni dans l'observation in situ unique. Elle produit des « négatifs » des différentes réceptions d'une politique publique de la mémoire européenne. Je présenterai ce que cette pratique photographique née de mes observations régulières de ce lieu a permis de remettre dans le champ de ma recherche : les figurations éphémères de l'Europe, les figurations et mobilisations « par les bas » et les registres mémoriaux liés à de nouveaux répertoires d'actions qui investissent désormais l'Ouest parisien dans de nouveaux itinéraires de mobilisations (gilets jaunes, manifestation anti-PMA...). [1] Christine Cadot, L'Europe au Panthéon. Fabriques officielles et ordinaires des figurations de l'Europe à Paris, (Place de l'Europe – Panthéon), manuscrit original, Habilitation à diriger les recherches en science politique, garant : Jean-Philippe Heurtin, Université de Strasbourg, 11 mars 2022.


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